Par: Fatou Krubally
L’avocat britanno-gambien Ousman F. M’Bai a accusé le ministère gambien du Pétrole et de l’Énergie de ne pas avoir divulgué des informations cruciales concernant les blocs pétroliers offshore du pays situés près de la frontière sénégalaise.
Dans une critique détaillée récemment publiée, M’Bai a remis en question la déclaration du ministère rejetant toute nécessité d’engager des discussions sur un développement conjoint des ressources avec le Sénégal, malgré le fait que FAR Gambia Ltd ait foré à moins de 500 mètres du champ pétrolifère de Sangomar — la plus grande découverte offshore du Sénégal.
« C’est un aveu d’une importance technique et géopolitique énorme », a déclaré M’Bai, en se référant aux documents publics de FAR Ltd décrivant des traces de pétrole trouvées dans des niveaux de réservoirs géologiquement reliés à Sangomar. Il a contesté l’affirmation du ministère selon laquelle il n’y aurait « aucune découverte », arguant que cela contredit à la fois les données et les normes internationales établies par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui permet des discussions de développement conjoint sur la base de preuves géologiques et non seulement de découvertes commerciales.
M’Bai a critiqué le refus du gouvernement de publier les journaux de forage, les données sismiques ou la correspondance relative aux licences, en vertu de la loi sur l’accès à l’information. Il a soutenu que le public a le droit de connaître les conditions dans lesquelles FAR Gambia Ltd s’est retirée début 2023, en particulier après les levées de pénalités et la redéfinition des limites des blocs offshore.
« Le secret n’est pas une sécurité », a-t-il déclaré, avertissant que le manque de transparence pourrait masquer une sous-évaluation ou un détournement des ressources naturelles de la Gambie.
Il a en outre allégué que les actions ou inactions du ministère auraient pu profiter à FAR Ltd, à son acquéreur Woodside Energy, et possiblement au gouvernement sénégalais sous l’ancien président Macky Sall. Il a réclamé la publication des coordonnées des blocs offshore, des journaux de forage et de tout accord transfrontalier.
M’Bai a conclu que les autorités pétrolières gambiennes doivent répondre à des questions sérieuses, ajoutant : « Notre peuple mérite mieux que des détournements. Il mérite la vérité. »
Sa déclaration a ravivé le débat public sur la gestion de la richesse pétrolière offshore du pays et sur la nécessité de transparence dans la gouvernance des ressources.