La démocratie gambienne à la croisée des chemins, selon un politologue

Par : Nyima Sillah

Lamin Keita, politologue gambien basé aux États-Unis, affirme que la démocratie en Gambie se trouve à un tournant critique, alors que le mécontentement des jeunes grandit et que l’incertitude politique s’intensifie.

S’exprimant récemment dans The Voice Newspaper, Keita a souligné qu’après la chute du régime de Yahya Jammeh en 2016, la Gambie a connu d’importants changements politiques sous le président Adama Barrow.

« Son gouvernement est arrivé avec des promesses de réformes et de réconciliation. Mais la situation actuelle montre une image mitigée : quelques progrès, mais aussi des signes de recul », a-t-il déclaré.

Keita note que le mandat de Barrow a montré des moments d’écoute du peuple, mais aussi des tentatives évidentes de conserver le pouvoir. « Les cas de harcèlement politique, de pressions sur les médias et de restrictions des manifestations sont des signaux inquiétants. Cette combinaison de progrès et de vieilles pratiques soulève une question cruciale : avançons-nous ou reculons-nous ? » a-t-il interrogé.

Il révèle que les récentes manifestations de jeunes concernant la vente des biens de Jammeh montrent un affaiblissement de la confiance envers le gouvernement Barrow. Beaucoup de jeunes manifestants estiment que le manque de transparence autour de ces ventes rappelle les pratiques opaques du régime Jammeh.

« Ils affirment que l’absence d’explication et de bénéfices publics tirés de ces ventes montre que le pouvoir reste entre les mains d’une élite, pas du peuple. La manière dont le gouvernement a géré les manifestations n’a fait qu’aggraver la situation », a-t-il ajouté.

En prévision des élections de 2026, Keita estime que la scène politique demeure incertaine, et que l’unité des partis d’opposition sera déterminante. « Par le passé, les divisions personnelles et politiques ont empêché une coalition. Mais face à la colère croissante du public, surtout des jeunes, l’unité devient aujourd’hui une réelle possibilité », a-t-il souligné.

Il ajoute que l’organisation communautaire, l’activisme en ligne et la perception des leaders de l’opposition joueront un rôle majeur dans le prochain scrutin. « Même si le peuple espérait un vrai changement, le gouvernement Barrow reste sous pression en raison de sa gouvernance. Les violences policières, les arrestations arbitraires et les menaces contre les journalistes et les militants persistent. Les institutions censées garantir la justice demeurent faibles et corrompues », a-t-il dénoncé.

Il conclut en affirmant que si la Gambie n’est plus sous dictature, la lutte pour une société juste et transparente est loin d’être terminée. « À mesure que la frustration grandit et que les tensions montent, le pays est à un tournant. Les actions des dirigeants comme des citoyens détermineront l’avenir de notre démocratie », a observé Keita.

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