Par : Fatou Krubally
Dr Lamin K. Janneh, expert gambien en développement avec plus de deux décennies d’expérience internationale, a réagi à la récente déclaration de Halifa Sallah sur la succession au leadership, remettant en question la cohérence du vétéran politicien et appelant à une nouvelle orientation pour l’avenir politique de la Gambie.
Cette réaction fait suite aux propos publics de Sallah concernant un possible retour dans la course présidentielle, malgré son engagement antérieur de ne plus se présenter. Dans une lettre ouverte au ton ferme, Dr Janneh qualifie la position de Sallah de « philosophique mais évasive » et soutient qu’après 35 ans, l’échec du parti PDOIS à produire un seul successeur viable reflète « un échec structurel profond à encadrer et à autonomiser de nouveaux leaders ».
Dr Janneh a rejeté l’idée que les jeunes Gambiens ne soient pas prêts à assumer des responsabilités nationales, soulignant que beaucoup ont déjà dirigé des projets de plusieurs millions de dollars dans des secteurs tels que la santé, les finances et la transformation numérique. « Ces personnes ne sont pas hypothétiques ; elles ont fait leurs preuves », a-t-il écrit, ajoutant que leur exclusion de la politique nationale n’est pas due à une incapacité, mais à un manque de volonté politique de les inclure.
Il a présenté un plan de politique détaillé visant une réforme systémique, couvrant l’éducation, l’agriculture, l’énergie, la gouvernance numérique et les cadres de lutte contre la corruption. S’appuyant sur des exemples mondiaux réussis, il a plaidé pour des services publics numérisés, des objectifs en matière d’énergies renouvelables et des initiatives pour l’emploi des jeunes.
Dans un rare défi direct, Janneh a accusé le PDOIS de maintenir « un monopole symbolique » sur le leadership, au lieu de favoriser une véritable démocratie interne. « Un leadership qui n’évolue pas devient une forme d’autocratie intellectuelle, aussi bien intentionné soit-il », a-t-il averti.
Tout en réitérant son respect pour les contributions de Sallah à la démocratie gambienne, Dr Janneh a proposé une collaboration tournée vers l’avenir : la co-organisation d’un Forum national sur la transition politique et l’innovation institutionnelle. Il a affirmé que l’objectif devrait être de passer de la « politique de personnalité » à la « collaboration de principe ».
« Je ne poursuis aucun objectif politique », a-t-il conclu. « J’écris uniquement en tant que Gambien concerné, désireux de contribuer là où je le peux. »
L’article d’opinion a suscité une attention considérable parmi les observateurs politiques, car il remet en question les récits établis sur la préparation générationnelle, l’héritage politique et l’urgence d’une réforme structurelle en Gambie.