L’organe africain des droits humains tire la sonnette d’alarme sur la crise et appelle à une action continentale

Par : Fatou Krubally

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a lancé un appel retentissant en faveur d’une action décisive pour faire face aux menaces croissantes contre les droits humains à travers le continent, alors que s’est ouverte cette semaine en Gambie sa 83e session ordinaire.

Dans un discours passionné, le président de la Commission, Remy Ngoy Lumbu, a exhorté les gouvernements africains à respecter la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, avertissant que les conflits non résolus, la répression de la dissidence et les discriminations systémiques compromettent la paix et le développement. Il a tiré la sonnette d’alarme sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) où, selon lui, la violence armée menée par les rebelles du M23 et les Forces démocratiques alliées (ADF) crée une crise humanitaire de plus en plus grave.

« Il est temps de mettre fin à ces massacres », a déclaré Lumbu. « Nous devons sécuriser la région des Grands Lacs pour éviter un autre génocide. »

La Commission a condamné la persistance des coupures d’internet, des fermetures de médias et du harcèlement des défenseurs des droits humains dans des pays comme le Cameroun, le Mali et l’Éthiopie. Lumbu a également dénoncé la lenteur dans la criminalisation des mutilations génitales féminines (MGF) et la sous-représentation généralisée des femmes dans les postes de leadership à travers l’Afrique.

La Commission nationale des droits de l’homme de la RDC (CNDH) a fait écho à cette urgence, évoquant l’aggravation des atrocités dans les provinces de l’est.

Le président de la CNDH, Paul Nsapu Mukulu, a lancé un appel à la CADHP pour qu’elle adopte une résolution urgente et envoie une mission d’enquête afin d’investiguer sur les abus, notamment les détentions arbitraires, les disparitions forcées et les violences sexuelles.

« C’est l’humanité tout entière qui est en jeu », a déclaré Mukulu. Il a salué la signature, le 25 avril, d’une « Déclaration de principes » entre la RDC et le Rwanda comme une avancée vers la paix, tout en avertissant que la redevabilité doit rester au centre des préoccupations.

Par ailleurs, la session a également mis l’accent sur la justice réparatrice. Lumbu a salué la décision de l’Union africaine de déclarer 2025 comme l’Année des Réparations. Il a souligné que les réparations doivent aller au-delà des compensations, appelant à des réformes structurelles profondes pour traiter les héritages de l’esclavage et de la colonisation.

L’ambassadrice de l’Union européenne en Gambie, S.E. Immaculada Roca Cortes, a réaffirmé l’engagement de l’Europe envers l’agenda africain des droits humains, saluant les avancées du partenariat tout en reconnaissant les défis mondiaux partagés.

Alors que la session se poursuit en Gambie, le message de la CADHP est clair : l’époque des discours creux est révolue. Des zones de conflit aux tribunaux, l’Afrique doit agir avec unité et détermination pour préserver la dignité et les droits de tous ses peuples.

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