Par : Haddy Touray
Le président de l’Assemblée nationale, Fabakary Tombong Jatta, a observé que le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO remet en question la pertinence des mécanismes de résolution de conflits de l’organisation, notamment la dépendance excessive aux sanctions sans engagement diplomatique suffisant, la gestion des transitions politiques, les défis sécuritaires et la communication avec les populations concernées.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont regroupés sous le nom d’Alliance des États du Sahel.
FTJ a fait cette déclaration au Centre de conférence Sir Dawda Kairaba Jawara, lundi, lors de l’ouverture d’une réunion de cinq jours des parlementaires de la CEDEAO, qui examineront les avantages et les inconvénients du retrait des États sahéliens de l’organisation sous-régionale.
« Alors que vous faites le point et délibérez sur l’impact du retrait de l’Alliance des États du Sahel, n’oubliez pas que ce départ reflète un enchevêtrement complexe de préoccupations sécuritaires, de réalignements géopolitiques et de défaillances institutionnelles. Il remet également en question la pertinence des mécanismes de résolution de conflits de la CEDEAO, notamment la dépendance excessive aux sanctions sans engagement diplomatique suffisant, la gestion des transitions politiques, les défis sécuritaires et la communication avec les populations concernées », a déclaré FTJ.
« Il convient également de noter que les implications du départ des États sahéliens ont de lourdes conséquences non seulement pour les pays concernés et pour la CEDEAO, mais aussi pour l’ensemble du processus d’intégration régionale africaine. Ce retrait a également des conséquences importantes pour les États côtiers de la CEDEAO », a-t-il ajouté.
Le président de l’Assemblée nationale s’est dit optimiste quant au fait que les résolutions issues de la réunion de Banjul incluront le renforcement du rôle de la diplomatie parlementaire envers les États sahéliens par le biais d’engagements et de collaborations constructives, soulignant que cela permettra aux acteurs politiques de ces pays de comprendre que leur décision unilatérale de quitter le bloc affectera le commerce transfrontalier, les transactions financières et la libre circulation des personnes.
Il a observé que ce retrait posera également d’importants défis pour les citoyens de ces pays, ajoutant que ces derniers doivent comprendre que le choix de l’isolement plutôt que de la coopération régionale entraînera un isolement économique et une hausse des coûts d’accès maritime pour ces nations enclavées, ainsi qu’un risque de baisse des investissements étrangers directs en raison d’une instabilité perçue et d’un accès limité au marché.
« Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger le 29 janvier 2025 marque la crise la plus grave de l’intégration régionale ouest-africaine depuis la création de la CEDEAO en 1975. Cette deuxième rupture majeure, après le retrait de la Mauritanie en 2000, exige que nous ayons des discussions franches et parfois inconfortables sur les meilleures options possibles pour maintenir les idéaux de la CEDEAO fondés sur les principes de démocratie, de bonne gouvernance, de respect de l’état de droit et de viabilité économique de tous les États membres, ainsi que sur l’intégration finale du continent africain », a souligné le président Jatta.
Il a ajouté : « Il convient toutefois de noter qu’en dépit du revers majeur que représente ce retrait, l’approche mesurée et pragmatique de la CEDEAO vis-à-vis du retrait des États sahéliens, en établissant des dispositions transitoires pour préserver les privilèges essentiels pour les citoyens de ces pays — notamment la reconnaissance des documents estampillés CEDEAO, les avantages commerciaux, le droit à la libre circulation et le soutien aux fonctionnaires de la CEDEAO issus de ces nations — témoigne d’un engagement fort à construire des passerelles pour la coopération et est hautement louable. »